Le Petit Journal Birmanie - Interview of Alexandre Besson - Poe-ma Group

Le Petit Journal Birmanie - Interview of Alexandre Besson - Poe-ma Group

Quelques mots sur votre entreprise au Myanmar et le secteur dans lequel vous travaillez.

Je travaille pour Poe-ma Group, une compagnie spécialisée dans la gestion des risques d’entreprise, dont le siège est situé à Tahiti. Notre mission est de trouver des solutions innovantes adaptées aux pays en développement ou géographiquement isolés. Poe-ma assurances et Poe-ma assistance sont toutes deux représentées au Myanmar.

Poe-ma assurances a été le premier courtier en assurances à s’installer en Polynésie Française en 1991, lorsque nous avons commencé à travailler avec les fermes de perles noires, très exposées aux risques climatiques. Nous avons par la suite développé notre activité de courtage et d’assurance à travers les Iles du Pacifique et l’Asie du Sud-Est. Au Myanmar, nous avons également été les premiers à nous enregistrer comme courtiers en 2012. Nous sommes principalement impliqués dans des programmes de réassurance pour les gros risques d’entreprise : couverture santé pour expatriés et staff local, couverture multirisques, interruption d’activité, responsabilité civile et professionnelle… Nous sommes membres actifs de la communauté des compagnies d’assurance étrangères au Myanmar, qui mène des campagnes de sensibilisation sur les assurances et milite en faveur d’une libéralisation de ce marché. C’est une des réformes clés qui doit être menée à bien rapidement pour accompagner le développement économique du pays et renforcer son secteur financier.

Poe-ma assistance accompagne les voyageurs et expatriés pour toutes leurs démarches médicales. Nous organisons aussi les rapatriements sanitaires en cas d’urgence médicale. Nous sommes le correspondant local joignable ‪24/7‬ de la plupart des grandes compagnies d’assurance et d’assistance. Nous travaillons souvent dans l’ombre pour leur fournir des contacts et des solutions pour hospitaliser ou évacuer les personnes dans les meilleures conditions possibles. Nous offrons également des services tiers-payant pour les assurances internationales.  





Quel message souhaiteriez-vous partager au sujet de l'environnement économique de la Birmanie?

Mon message principal serait de continuer à s’engager auprès des acteurs locaux, indépendamment du rythme des réformes. Nous devons maintenir nos efforts, même si cela prend plus de temps qu’espéré. Nous nous rendons compte dans l’industrie de l’assurance que les acteurs locaux ne se sentent pas prêts à affronter la compétition internationale. Nous essayons d’expliquer que les compagnies étrangères peuvent au contraire contribuer activement au développement des capacités locales. C’est aussi dans notre intérêt. Le marché est assez grand et diversifié pour accueillir les ‘outsiders’. Nous pouvons contribuer à accroitre la taille du gâteau en apportant de nouveaux produits et de nouvelles techniques, plus adaptés aux besoins des investisseurs. Tout comme nous l’avons vu avec les télécoms, la concurrence de nouveaux acteurs peut aider à développer les capacités locales. 

Dans le secteur de la santé, j’ai vu beaucoup de nouveaux hôpitaux émerger avec des équipements flambants neufs. Même Singapour, Bangkok ou Hong Kong pourraient jalouser ce que le Myanmar acquiert en ce moment! Mais nous sommes encore confrontés à des difficultés majeures dès qu’il s’agit de cas complexes. Par exemple, il n’y a pas assez de docteurs spécialisés et les destinations principales comme Ngapali, Bagan ou le lac Inle manquent de structures capables de gérer les problèmes sérieux. Nous avons besoin d’encourager le développement d’équipes médicales locales et d’améliorer leur coordination. Il faut aussi soutenir le secteur du tourisme malgré ce manque de structures.





Votre vie au Myanmar et vos relations avec la France ?

Ça fait presque 10 ans que je vis dans différents pays d’Asie du Sud Est. Les 4 dernières années au Myanmar ont été particulièrement riches en défis. Comme tous les expats ici, je ne dirais pas que ça a été facile tous les jours, mais je me considère chanceux d’avoir pu être témoin de ces moments importants. Peut-être que vieillir me rend plus philosophe ! Je continue à dire à mes amis et collègues birmans que je viens d’un vieux pays où l’on sent que tout a été essayé, ou les gens parlent de crises depuis 30 ou 40 ans. Ici, tout reste à faire. On peut voir le progrès tous les jours. Meilleure connexion internet, nouveaux hôtels, route en meilleur état, services innovants… Ce progrès très rapide apportera, et apporte déjà de nouveaux problèmes (sociaux, politiques, économiques…), mais au moins on voit les choses changer et on peut contribuer activement à les faire évoluer. 

Je rentre généralement en France une fois ou deux par an, et à Tahiti tous les deux ans. Je suis toujours très heureux de profiter du temps avec ma famille et mes amis… et de la nourriture ! J’aime aussi me rappeler à quel point nous avons de la chance d’avoir toutes ces infrastructures. Et je suis également heureux de retrouver Yangon quand j’y reviens.





Votre conseil pour un nouvel arrivant en Birmanie?

Je recommanderai de ne pas se laisser griser par les opportunités et les promesses qu’offre "le nouveau marché le plus prometteur d’Asie du Sud-Est". Nous avons tendance à entendre ça partout, mais je suis convaincu que la réussite au Myanmar nécessite une vision et un investissement de long-terme. Ce ne sera probablement pas facile et les retours ne seront pas immédiats. Le pays subit des changements extrêmes et pour que cela soit fait en profondeur, ça prendra du temps. Il est facile de se retrouver frustré par le fossé énorme entre nos attentes et la situation réelle. En contraste avec la plupart des pays de la région, le futur est plein d’incertitudes alors que si on se tourne vers ce qui a déjà été accompli, les progrès sont phénoménaux. Enfin, je ne peux que recommander aux nouveaux venus de discuter et passer du temps avec les locaux. Les birmans sont fascinants de diversité. Ils sont curieux et doté d’un intérêt authentique. J’aime à dire que le pays a été fermé pendant des années, mais que les gens sont restés ouverts sur le monde. 





Votre endroit préféré en Birmanie?

Difficile de n’en choisir qu’un seul ! Je dirais Dawei, qui me donne cette sensation de "bout-du-monde" et offre des plages magnifiques.

Poe-ma insurances